Nommé directeur général de la Police nationale d’Haïti (PNH) en novembre 2020 par feu président Jouvenel Moïse, Léon Charles laisse la tête de l’institution policière, ce 21 octobre 2021.
Le Premier ministre Ariel Henry a confié au Nouvelliste que M. Charles lui a remis sa démission. Il a été remplacé par Frantz Elbé, inspecteur général et policier de carrière.
« Le directeur général de la Police nationale d’Haïti, Léon Charles m’a présenté sa démission. Il a été remplacé par Frantz Elbé», a déclaré jeudi au journal le Premier ministre Ariel Henry. « Pour le moment, il n’y a pas encore d’autres changements au sein du gouvernement », a-t-il précisé au Nouvelliste.
Frantz Elbé est un inspecteur général. Il a été tour à tour directeur départemental de la police nationale dans les départements du Sud-Est et des Nippes. Il a été aussi coordonnateur général de sécurité du Palais national sous l’administration du président provisoire Jocelerme Privert.
La démission de Léon Charles intervient dans un contexte où la capitale haïtienne et plusieurs villes de province ont connu ce jeudi des tensions semblables au ‘’ peyi lòk’’. Pendant toute la journée du jeudi 21 octobre, les principaux axes routiers à Port-au-Prince et des zones avoisinantes ont été bloqués par les chauffeurs de taxi-motos qui protestent contre la rareté des produits pétroliers sur le marché local.
La démission de Léon Charles intervient aussi quelques jours après l’humiliation du gouvernement le 17 octobre au Pont-Rouge par le chef de gang Jimmy Chérizier alias Barbecue.
Tôt le dimanche 17 octobre, Pont-Rouge a été occupé par des individus lourdement armés. Ils ont fait obstacle à l’arrivée du Premier ministre Ariel Henry, qui n’a pas pu tenir la traditionnelle offrande florale au pied du monument de l’empereur Jacques 1er. Sous le crépitement d’armes automatiques, les caïds ont repoussé la délégation qui a quitté avec précipitation Delmas 2. Le Premier ministre, les membres du gouvernement, le chef de la police, Léon Charles entre autres, ont pris la poudre d’escampette sous les balles des bandits.
C’est aussi sous l’administration de Léon Charles que le président Jovenel Moïse a été assassiné chez lui le 7 juillet dernier. Sous son commandement à la tête de la PNH, les groupes armés se sont renforcés et multipliés, notamment dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. Les cas de kidnapping et d’assassinat ont connu aussi une recrudescence inédite.
La démission de Léon Charles intervient aussi moins de vingt-quatre heures après l’ultimatum de l’organisation politique Secteur démocratique et populaire, signataire de l’Accord du 11 septembre, qui avait exigé la révocation de Léon Charles à la tête de la PNH avant le 1er novembre prochain.